Quelle légitimité pour le banc patronal ?

Les élections sociales représentent le moment idéal pour poser la question de la légitimité des représentants du dialogue social paritaire inter-entreprises.  A l’instar des affiliés syndicaux salariés, les entrepreneurs adoptent trois attitudes à l’égard de leurs organes de représentation : impliqués, concernés ou indifférents.  Les aléas de la vie de l’entrepreneur et de la vie de l’entreprise peuvent mener à passer d’une attitude à l’autre au fil du temps.

Les uns s’investissent fortement en assumant un mandat au sein d’une fédération/union, en participant aux groupes de travail, aux organes de concertation. Ils y voient l’intérêt d’être en première ligne pour disposer de l’information, réseauter à titre individuel ou collectif.  A cela s’ajoute – pour la plupart – la volonté de s’investir dans la défense d’un intérêt qui les dépasse en participant à la construction de notre contrat économico-social.

D’autres participent à la vie des fédérations/unions en tant que membres actifs et sont plus ou moins satisfaits de la prise en considération de leur point de vue et de la pertinence des points de vue exprimés publiquement par leurs représentants.

Enfin, beaucoup d’entrepreneurs n’en savent rien et souhaitent souvent ne rien en savoir, pensant que leur réalité n’est pas transposable et qu’ils ne feraient que perdre du temps à participer à des réunions inter-entreprises où leur position ne serait de toute façon pas ou peu prise en compte.

Si l’entreprise n’est pas une démocratie, les représentants des entrepreneurs doivent détenir leur mandat et leur légitimité du plus grand nombre possible d'entrepreneurs.  Dès lors, tout entrepreneur devrait automatiquement être intégré à la discussion sur base de l’unique critère des commissions paritaires des membres de son personnel.  Ainsi, la FEB – rebaptisée Fédération des Entrepreneurs de Belgique pour la cause – devrait mieux coordonner l’ensemble des fédérations professionnelles pour éviter qu’une minorité agissante puisse déséquilibrer la représentativité de certains organes officiels de concertation.  A ce niveau, l’idée d’un scrutin où chaque entrepreneur serait automatiquement convoqué sur base des commissions paritaires ne paraît pas déplacée.  En quelque sorte une primaire ouverte au-delà des membres et/ou affiliés en s’adressant à tout le corps électoral des entrepreneurs, sans obligation de vote évidemment. Ce débat interne au monde des entrepreneurs semble urgent pour éviter une certaine atonie dans le cadre des débats actuels de fond pourtant très lourds de conséquences, tous niveaux de pouvoir confondus.

Par ailleurs, le combat pour le statut des indépendants doit être disjoint de la concertation sociale au niveau paritaire.  Les problèmes de statut de l’indépendant médecin généraliste ou notaire ne sont pas ceux de l’entrepreneur/employeur qui doit gérer au sein de sa PME des ressources humaines avec le dialogue social structuré que cela implique.  Mélanger ces deux enjeux importants brouille la clarté des débats. 

Sur ce sujet de la légitimité des parties prenantes au dialogue social, voir l’excellente publication de l’Institut Montaigne de juin 2011.
Retrouvez également la composition actuelle des commissions paritaires au niveau national.

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